Historique et description des monnaies
Louis
XVI / Constitution 9
juillet 1789
- 21 septembre 1792 (AnI - AnV de la liberté)
|
En cette fin de XVIIIième siècle on
trouve en France une importante disparité de poids et
mesures d'une province à l'autre,
entrainant des confusions permanentes et freinant
le commerce.
L'Assemblée Constituante voulant remédier
à ces problèmes, poursuit les travaux déjà commencés
sous Louis XVI et bien avant. On fixa le "mètre"
à un dix-millionnième de la distance entre le pôle et
l'équateur! Partant de cette nouvelle unité, on détermina
les valeurs du litre et du kilogramme. Chaque unité
de mesure étant maintenant divisible par des multiples
de 10 (au lieu de 12). Peu après, le franc sera lui
aussi divisible par 10 et 100.
Le système
métrique décimal fut enteriné par le décret du
26 mai 1791 de l'Assemblée Nationale Constituante. Son application aura des débuts difficiles et
ne sera rendu obligatoire et exclusif sur tout
le territoire que le 1er janvier 1840 avant d'être largement
utilisé au-delà de nos frontières.
Après le vote de la nouvelle Constitution
(Constitution Civile du Clergé du 12 juillet
1790), les premières monnaies Constitutionnelles* sont
émises en 1791 (15 et 30 sols argent puis 12 deniers
et 2 sols uniquement) et font suite à la Loi du 9 avril
1791 concernant les nouvelles empreintes et légendes
des monnaies. Le reste de la
frappe continue aux anciens poinçons jusqu'à la fin
du premier semestre 1792.
* Un concours monétaire est lancé
en Juillet 1791. Remporté par Augustin Dupré, ce dernier
remplace
Benjamin Duvivier comme
Graveur Général (le 11 juillet).
Face au manque de petite monnaie et
à la pénurie de matières premières, en 1791 l'Assemblée
Nationale fait décrocher les cloches des églises qui
n'étaient pas déjà tombées lors de la Constitution Civile
du Clergé, afin de les fondre pour permettre la réalisation
de monnaies. Des ateliers provisoires sont ouverts dans
l'urgence pour
pallier au manque de numéraire (c'est le cas par exemple
à l'ex couvent des Barnabites).
Médaille
servant de laisser-passer au couvent des Barnabites
(1791).
100 000 cloches seront
fondues en 1792 (Décret
des 14 et 22 avril 1792) et moins de 10 000 survivront sur toutes
celles du pays. Ce métal de cloche, très cassant, devait
être alié à du cuivre pour supporter la frappe.
A ce sujet, il est intéressant
de lire la Page
3 (seconde partie) de l'ouvrage de Dewamin
concernant la fabrication des monnaies en métal de cloche
pur.
On y apprend qu'un procédé fut inventé à Lyon mais (dans
les pages suivantes) qu'il ne fut jamais utilisé
malgré tous les efforts des inventeurs (dont Mouterde) qui seront tout
de même récompensés financièrement! Les détails de fabrication
donnés par les descendants de J.M. Mouterde ne sont
sans doute pas complets. Dewamin indique
que lors d'expérimentation dans plusieurs fabriques,
il ne fut pas possible d'obtenir les mêmes résultats
que dans l'atelier des l'inventeurs.
Ci-dessus
deux essais de fabrication sur flans en métal de cloche
pur réalisés grâce au procédé inventé à Lyon par
Mercié, Mathieu et Mouterde (Catalogue Platt de mai
2007).
Après l'exécution de Louis XVI le 21
janvier 1793, les dernières monnaies Constitutionnelles
à son effigie sont frappées début 1793 (AnV). Il semble
que la frappe se soit poursuivie jusqu'en mars, donc
bien après son exécution.
Calendrier Constitutionnel
An 1 de la Liberté : du 14 juillet au
31 décembre 1789
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An 2 de la Liberté : du 1er janvier au
31 décembre 1790
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An 3 de la Liberté : du 1er janvier au
31 décembre 1791
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An 4 de la Liberté : du 1er janvier au
31 décembre 1792
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An 5 de la Liberté : du 1er janvier au
21 janvier 1793
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Les monnaies Constitutionnelles
"Toutes
les pièces portant l'effigie de Louis XVI avec le titre
roi des François, se dénomment : monnaies constitutionnelles."
Mirabeau (décembre
1790).
Par ordre de fabrication :
12 deniers, 6 deniers, 3
deniers en cuivre ou métal de cloche avec légende "FRANÇAIS"
et "FRANÇOIS" Duvivier
(1774 - 1791) pour les 12 deniers Dupré (1791 à 1793)
pour les 6 et 3 deniers Début
de fabrication : juin 1791 (12 deniers) Retrait : décret
du 1er octobre 1856
|
27 à 29mm pour
10 à 12g / 26mm pour 6g env. / 22mm pour 3g env.
Après le vote de la Constitution,
les 12, 6 et 3 deniers remplacent respectivement le
sol, le demi-sol et le liard.
Les pièces de 6 et 3 deniers prévues
par la Loi du 11 janvier 1791 ne furent pas exécutées
et un décret du 2 septembre 1792 en ordonna la fabrication
urgente. La gravure des 6 et 3 deniers est de Dupré
mais pour accélérer la mise en route des fabrications,
on utilisa les coins de Duvivier qui étaient déjà
pret pour la frappe du sol (12 deniers). Duvivier
sera d'ailleurs remercié lors de l'Assemblée du 3 août
1791 pour son offre et il fut rémunéré pour son
travail.
Légende
"FRANÇAIS" et "FRANÇOIS" du 12 deniers.
Pour les trois valeurs, les pièces avec légende "FRANÇAIS"
ont été fabriquées uniquement dans l'atelier de
Strasbourg et principalement en 1792. Il n'y eu qu'une petite frappe en 1791 pour les 12 deniers et une
en 1793 pour les 6 deniers.
La fabrication sera majoritairement
faite sur des flans en métal de cloche. Il est important
de rappeler que le métal de cloche ne peut pas se frapper
sans être allié à du cuivre*, car il est trés cassant.
Les proportions de cuivre sont d'ailleurs trés variables
d'où les couleurs variables des pièces.
* Sauf en utilisant le procédé
à chaud inventé à Lyon au début de la frappe des monnaies
en métal de cloche, mais, comme je l'ai déjà dit
plus haut, cette méthode ne fut pas retenue.
Cuivre
et métal de cloche.
Ces pièces
ayant été retirées tardivement ont beaucoup circulé
et sont difficiles à trouver en bon état.
Les pièces avec légende "FRANÇOIS"
ont été fabriquées en grande quantité de 1791 à 1793
(An3 à 5) pour les 12 deniers et en 1792 et 1793 pour
les 6 deniers. Les 3 deniers frappés seulement
en 1792 sont plus rares.
Les
3 et 6 deniers gravés par dupré sont encore plus rares
en bon état que les 12 deniers. Les frappes de Strasbourg
avec légende "FRANÇAIS" au lieu de "FRANCOIS" sont les
moins courantes.
On trouve des coins "FRANÇAIS"
et "FRANÇOIS" avec ou sans cédille ainsi que de nombreuses variétés
(voir le Gadoury).
La présence de points autour de la lettre
d'atelier permet d'identifier les frappes des ateliers
provisoires ouverts durant cette période. Voir le tableau
du Gadoury (on trouve d'ailleurs des
différences d'interprétation de ces points entre le
Bréviaire de J.M. Leconte et le Gadoury).
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Il existe de rares 12 deniers datés 1791
°A avec le revers du sol (dù à un mélange de
coins).
Autre rareté, il existe une variété de 12 deniers daté
1792 avec l'avers
des 30sols (buste de Louis XVI nu et plus petit). Ex.
ci-dessous de Monnaies 42.
Le 12 deniers de Lyon 1792D peu se
trouver en
frappe médaille.
Dans la vente de la collection Kolsky
(n°50 de Monnaies VI) on peut voir une pièce de 12 deniers
avec deux avers. Il s'agit en fait d'une pièce truquée
réalisée pour tricher!
*****
Rare
satirique sur une 12 deniers.
2 sols en
cuivre ou métal de cloche avec légende "FRANÇAIS"
et "FRANÇOIS" Dupré (1791
à 1793) Début
de fabrication : début septembre 1791 Retrait : décret
du 1er octobre 1856
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22 à 25g pour 32
à 36 mm en moyenne
Les pièces de 2 sols avec
la légende "ROI DES FRANÇAIS" au lieu de
"ROI DES FRANÇOIS" ont été fabriquées uniquement dans l'atelier de
Strasbourg en 1792 et 1793 (An4 et 5).
Les pièces de 2 sols "FRANÇOIS"
ont été fabriquées de 1791 à 1793 (An3 à 5). Le point
au-dessus du A (visible sur la photo ci-dessus) indique que la
pièce a été frappée après le 15 septembre 1791 qui est
la date d'arrivée de l'inspecteur G. Cressard.
Il
existe de très grandes différences de poids et
de diamètres pour les 2 sols. Par exemple pour
les trois pièces ci-dessus on trouve de gauche
à droite : 33mm pour 13,33g!, 35mm pour 20,41g et 32mm
pour 28,92g!
Ces monnaies ayant été retirées tardivement ont
beaucoup circulé et sont difficiles à trouver en bon
état.
Les 2 sols "FRANÇOIS" 1792 W avec tranche
inscrite "BON. POUR. BORD. MARSEILLE. LYON. ROUEN.
NANT. ET. STRASB. sont très rares et le Gadoury indique
qu'il s'agit d'une surfrappe sur flan de Monneron de
2 sols. Le point sous la lettre d'atelier indique que
la frappe a eu lieu à Arras.
On trouve aussi quelques exemplaires
avec la tranche regravée en forme de dentelles. Plusieurs
hypothèses existent comme par exemplaire l'utilisation
de ces pièces comme calendrier, mais je n'en connaît
pas la réelle finalité.
A noter aussi que l'on peut trouver
des 2sols au faisceau en laiton avec un poids plus faible.
Ces monnaies semblent authentiques.
Exemplaire
daté 1792BB en laiton de 14,45g.
Signalée par un lecteur, voici une
étonnante variété sur une 2 sols 1791 AA avec L'AN 4
DE LA LIBERETE :
Les pièces de 2 sols et de 12 deniers
se rencontrent parfois fois avec des erreurs dans
les légendes.
1/4
d'écu et 1/8 d'écu en argent de 30 sols, 15 sols
avec légende "FRANÇAIS" et "FRANÇOIS" Dupré au
Génie (1791 à 1793) Début
de fabrication : fin septembre 1791 Retrait : Loi
du 10 juillet 1845
|
22 à 23mm pour
5g / 28mm pour 10g
15
sols.
Les pièces de 30 sols avec la légende
"ROI DES FRANÇAIS" au lieu de
"ROI DES FRANÇOIS"
ont été fabriquées en faible quantité, uniquement dans
l'atelier de Strasbourg et sont très rares.
Les 30 sols et 15 sols font suite à
la Loi du 11 janvier 1791, modifiée les 11 juillet et
18 août en faveur d'un module plus large mais de titre
inférieur (à 667 millièmes d'argent). Elles font parties
des dernières monnaies en billon (avec les 10ct au N).
30
sols.
La frappe s'arrêtera début 1793. Les
15 sols datés 1793 sont rares car les 400.000
exemplaires de Paris (A) ont été émis au millésime 1792.
Il ne reste donc que les très faibles frappes officielles
de PAU (20 000ex.) et les fabrications, non signalées
dans les rapports, de Toulouse et Montpellier (quelques
exemplaires connus).
Ecu
et 1/2 écu constitutionnel en argent de 6 et 3 livres
avec légende "FRANÇAIS" et "FRANÇOIS" Dupré
au Génie (1792-1793)- Effigie de Louis XVI Début
de fabrication : avril et août 1792 Retrait : Loi
du 30 mars 1834
|
33mm pour 14,74g
Ira & Larry Goldberg Coins & Collectibles (2009).
Les écus de 6 livres et les 1/2 écus
de 3 livres avec légende "ROI DES FRANÇAIS" et
"ROI DES FRANÇOIS" font suite à
la Loi du 9 avril 1791, modifiée par le décret du 25
juillet 1792 qui autorise la présence du bonnet
phrygien sur le faisceau. A noter que ce bonnet est
tourné à droite sur le demi écu alors qu'il est tourné
à gauche sur les écus*.
* sauf pour de rares
écus de 6 livres datés 1792 A sur lesquels on peut trouver
un bonnet tourné à droite!
Rare
écu de 6L en très bon état avec le bonnet tourné à droite.
Le demi écu de 3 livres est beaucoup
plus rare que l'écu de 6 livres.
Peu frappées, les monnaies avec
légende "FRANÇAIS", fabriquées
uniquement dans l'atelier de Strasbourg (BB), sont rares.
Fabriquées en plus grand nombre et dans plusieurs
ateliers, les pièces avec légende "FRANÇOIS"
sont beaucoup moins rares que les précédentes
mais restent difficiles à trouver dans les états supérieurs.
La refonte
fut importante pour les deux types. On y retrouve des
symboles fort : le Génie, le coq, le faisceau et le
bonnet phrygien.
Bien que la royauté fut abolie le 21
septembre 1792 et le roi exécuté le 21 janvier 1793,
la frappe (légende "FRANCAIS") se poursuit jusqu'à fin mars!*
* information donnée par le Gadoury.
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Pour les écu frappés à Limoge le second
semestre 1792 il existe une variété avec la légende
erronée FARNÇOIS.
Louis
d'or constitutionnel de 24 livres Dupré
au Génie (1792
et 1793) - Effigie de Louis XVI Début
de fabrication : décembre 1792 à Paris Retrait :
Loi du 1er juillet 1834
|
23mm pour 7,649g
Vente
Palombo n°2.
Peu frappés et largement refondus, ces
"Louis" sont rares pour les deux
ateliers existants : Paris et Toulouse. A partir de la
Convention l'effigie de Louis XVI est
remplacée par une couronne de chêne entourant la valeur
avec la légende "République Française".
Ces pièces ont été fabriquées suite
au décret du 9 avril 1791 et ont été plus refondues
que le type Conventionnel.
D'après F. Droulers, une partie de ces
"Louis" auraient été frappés à Paris entre
le 26 janvier et le 25 mars 1793, donc après l'exécution
du roi.
Démonétisation des
monnaies constitutionnelles :
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Lorsque, par suite d'une mise en circulation trop prolongée,
les espèces monétaires se déprécient d'elles-mêmes
par le fait de leur usure naturelle, elles sont astreintes
à la refonte; c'est ce que l'on appelle la démonétisation
légale. C'est pour cette raison que le décret du
12 septembre 1810 démonétisa les écus de 6 et de 3 livres,
et les louis de 48, 24 et 12 livres; que la loi du 16
mai 1845 démonétisa les pièces de 15 et de 30 sous frappées
à l'effigie de Louis XVI de 1791 à 1792, ainsi que les
pièces de 10 centimes à la lettre N. *
* E. Dewamin, "Cent
ans de numismatique française de 1789 à 1889".
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